L’article précédent de cette série a montré le curieux
traitement que Philippe Ariño inflige aux saintes Ecritures. Cette lecture
étrange des textes sacrés, qui le conduit à en relativiser largement la portée,
n’est évidemment pas sans conséquence sur la manière dont il comprend et
explique l’enseignement de l’Eglise catholique sur l’homosexualité.
dimanche 23 décembre 2012
Bref tour d’horizon de la discographie de Hasse (7) : Les cantates d’apparat
Cet article a pour objet les disques consacrés aux
cantates de Hasse pourvues d’un accompagnement orchestral. La plupart de ces
cantates datent de la dernière période de la production du Saxon, c’est-à-dire
aux périodes viennoise et vénitienne de la vie du compositeur
(1763-1783) ; de plus, quoique Johann Adolf Hasse ait écrit pour la cour
du prince de Saxe plusieurs cantates d’apparat, ces œuvres dresdoises ont
apparemment été jusqu’ici entièrement négligées par la discographie :
seules sont donc accessibles des cantates, souvent écrites sur des textes de
Métastase, composées pour Vienne ou pendant la retraite vénitienne du musicien.
jeudi 13 décembre 2012
Un philosophe nous parle de la Sainte Famille
Le philosophe Michel Serres a jugé opportun, dans un
petit texte que l’on peut trouver sur la toile, de prétendre donner à l’Eglise
catholique une leçon d’Ecriture sainte en nous livrant sa vision de la Sainte Famille.
"Cette question du mariage
gay m'intéresse en raison de la réponse qu'y apporte la hiérarchie ecclésiale.
Depuis le 1er siècle après Jésus-Christ, le modèle familial, c'est celui de
l'Eglise, c'est la Sainte Famille. Mais, examinons la Sainte Famille. Dans la
Sainte Famille, le père n'est pas le père : Joseph n'est pas le père de Jésus,
le fils n'est pas le fils : Jésus est le fils de Dieu, pas de Joseph. Joseph,
lui, n'a jamais fait l'amour avec sa femme. Quant à la mère, elle est bien la
mère mais elle est vierge. La Sainte Famille, c'est ce que Levi-Strauss appellerait
la structure élémentaire de la parenté. Une structure qui rompt complètement
avec la généalogie antique, basée jusque-là sur la filiation : la filiation
naturelle, la reconnaissance de paternité et l'adoption. Dans la Sainte
Famille, on fait l'impasse tout à la fois sur la filiation naturelle et sur la
reconnaissance pour ne garder que l'adoption. L'Eglise, donc, depuis l'Evangile
selon Saint-Luc, pose comme modèle de la famille une structure élémentaire
fondée sur l'adoption : il ne s'agit plus d'enfanter mais de se choisir. A tel
point que nous ne sommes parents, vous ne serez jamais parents, père et mère,
que si vous dites à votre enfant "je t'ai choisi", "je t'adopte
car je t'aime", "c'est toi que j'ai voulu". Et réciproquement :
l'enfant choisit aussi ses parents parce qu'il les aime. De sorte que pour moi,
la position de l'Eglise sur ce sujet du mariage homosexuel est parfaitement
mystérieuse : ce problème est réglé depuis près de 2000 ans. Je conseille à
toute la hiérarchie catholique de relire l'Evangile selon Saint-Luc, ou de se
convertir[1]."
Passons sur le ton passablement méprisant et supérieur qu’adopte, vis-à-vis de la misérable hiérarchie catholique qui n’a évidemment rien compris
à la vérité de l’Evangile, le grand intellectuel patenté pour examiner son
propos proprement dit.
Les impostures d’un homosexualiste catholique (3) : Philippe Ariño et la sainte Ecriture
Articles précédents :
Nous avons établi, dans l’article précédent, que Philippe
Ariño adopte ne serait-ce que d’une manière implicite une définition de
l’homosexualité qui n’est pas celle que délivre le Catéchisme de l’Eglise catholique :
tandis que l’Eglise définit l’homosexualité par des actes homosexuels, par les
relations entre des hommes ou des femmes éprouvant une attirance pour des
personnes de même sexe, M. Ariño semble s’appuyer sur une définition de
l’homosexualité qui fait intervenir avant tout le « désir
homosexuel » et ne paraît pas particulièrement nette. Ce n’est cependant
pas le seul point où c’est peu dire que la pensée de l’auteur ne se distingue
pas par sa clarté.
lundi 10 décembre 2012
Chicane ? - Pourquoi critiquer Philippe Ariño
En réponse au second article que Contre-Débat a consacré aux positions de M. Ariño, un commentateur
nous reproche de « chicaner un allié » :
Philippe Arino est-il un
docteur de l'Église? Non, alors on ne lui demande que ce qu'il peut offrir: un
témoignage. Je ne trouve pas inintéressantes ni même inutiles vos remarques,
mais à la fin, qu'est-ce qu'il fait? 1- Il s'oppose au "mariage"
homosexuel. 2- Il prône la continence en commençant par lui-même. 3- Il
s'oppose aux groupes LGBT, avec grand mérite, alors que de nombreux hétérosexuels
les appuient!... Je vous trouve très étrange de chicaner un allié.
jeudi 6 décembre 2012
Les impostures d’un homosexualiste catholique (2) : La « question de l’homosexualité » mal posée
Il ne s’agit pas ici de remettre en cause l’engagement
fort louable de Philippe Ariño contre le mariage homosexuel, et moins encore de
diviser les adversaires de ce funeste projet de loi : en effet, si nous
écrivons cet article, c’est parce que M. Ariño prétend parler de
l’homosexualité « en vérité », c’est-à-dire, puisqu’il est
catholique, en énonçant ce que nous disent l’Eglise et la morale naturelle de
l’homosexualité. Or c’est ici que le bât blesse, et que l’on peut parler
d’imposture, que celle-ci soit volontaire ou non – imposture ou inconscience, en
tous cas, de ces innombrables responsables d’aumôneries étudiantes ou
d’associations catholiques, de ces journalistes chrétiens qui nous ont donné,
avec fort peu de discernement semble-t-il, les positions de M. Ariño comme
exemplaires et conformes à l’enseignement de l’Eglise.
lundi 3 décembre 2012
Les impostures d'un homosexualiste catholique (1) : Comment affirmer une chose et son contraire
Depuis quelque temps, on entend beaucoup parler, dans les
milieux catholiques opposés à la légalisation du mariage homosexuel, d’un
professeur d’espagnol en classe préparatoire, Philippe Ariño, catholique et
homosexuel revendiqué. Il suffit, pour se convaincre du grand cas que l’on fait
de sa personne, de consulter la page d’accueil du site qu’il tient sur la
toile, Araignée du Désert[1] :
l’on ne compte plus ses conférences, ses interventions médiatiques, si
nombreuses en vérité qu’il lui a fallu demander un année de congé afin de les
mener à bien. On peut même dire qu’il a acquis, dans certains milieux, il est
vrai fort restreints, une telle notoriété qu’il en exerce presque comme un
magistère laïc : comme si, fort de sa double condition de catholique et d’homosexuel,
il était seul habilité à expliquer la position de l’Eglise catholique en
matière d’homosexualité.
dimanche 25 novembre 2012
Maurras entre Shakespeare, Baudelaire et Edgar Poe - Conférence de Jean François Mattei
Ce compte rendu est le premier d'un cycle de
conférences tenues lors du colloque organisé par l'Action française le 27
octobre 2012 pour le soixantième anniversaire de la mort de Charles Maurras...
D'autres suivront, mais on ne trouvera pas toutes les conférences car notre
intention n'est pas de rapporter intégralement le colloque, mais seulement les
interventions que nous avons -tout à fait subjectivement - trouvé les plus
originales. A toutes fins utiles, précisons que, si nous nous efforçons de
rapporter fidèlement ces conférences, toute erreur ou imprécision peut nous
être imputée ; et que par ailleurs nous ne nous interdisons pas certaines
libertés pour rendre plus intelligibles des exposés donnés dans un temps très
limité.
L'orateur énonce la
thèse selon laquelle la politique se résume pour Maurras à une «universelle
analogie», ce qu'il va démontrer. Mallarmé, lui, parlait du «démon de
l'analogie». Les démons, daïmon, au sens grec, sont des esprits qui font le
lien entre les dieux et les mortels et qui inspirent les hommes. L'analogie,
est désignée aussi (pour employer le français) par le terme de correspondance.
Dans la poésie de Baudelaire, c'est ce qui met en contact la Terre et le Ciel.
L'étymologie grecque ana-logos traduit un mouvement d'ascension de la pensée.
Ainsi, l'analogie est verticale et toujours inégalitaire. C'est la clef de la
pensée hiérarchique de Maurras. Il est intéressant de noter qu'à l'instar des
poètes, les scientifiques utilisent un jeu d'images (par exemple l'image du Big
Bang) ; et de même les philosophes.
jeudi 22 novembre 2012
« Défendre l’héritage conciliaire »
On peut trouver, sur le site de l’hebdomadaire chrétien
et humaniste La Vie, de « libres
propos[1] »
d’Aimé Savard, « journaliste chrétien », où celui-ci s’emploie à
présenter à ses lecteurs Guy Aurenche, président du CCFD, l’un de ses
interlocuteurs dans un ouvrage qu’il a récemment fait paraître, Le pari de la fraternité. Voici ce
qu’écrit à propos de M. Aurenche notre journaliste chrétien :
Il a vécu Vatican II, «
comme un événement de renouvellement et non pas comme la bagarre d'un clan
contre un autre clan, encore moins comme une victoire sur des passéistes ou des
intégristes. Ce concile représentait une grande allégresse d'ouverture, un
immense courant d'air frais, une aération spirituelle». S'il défend l'héritage
conciliaire à l'encontre de ceux qui, aujourd'hui, le contestent ou le
relativisent, Guy le fait de manière positive : «Loin d'être aigris, je crois
que nous devons continuer à porter l'esprit du concile et approfondir la
question du sens des grandes mutations que nous vivons, et des lumières que la
tradition de l'Eglise et les grands textes fondateurs peuvent nous inspirer
pour les comprendre.»
C’est donc comme un exemplaire défenseur du dernier
concile qu’est présenté le président du CCFD, plus précisément, comme un
défenseur « positif » de l’ « héritage conciliaire ». Il
s’agit bel et bien de « continuer à porter l’esprit du concile ». Ces
mots ayant au premier abord un sens assez vague, il convient certainement, afin
de mieux comprendre la signification que l’on doit leur prêter, de se reporter
à une récente contribution positive
de M. Aurenche à la défense de l’héritage conciliaire, plus exactement à une
tribune que le Groupe Paroles a fait paraître dans La Croix en mars 2011, Guy Aurenche figurant parmi les signataires,
sous le titre évocateur « Le christianisme doit retrouver le chemin de
l’incarnation »[2].
vendredi 16 novembre 2012
Raffaele MELLACE, Johann Adolf Hasse, L’Epos, Palerme, 2004, 517 pages
S’il a déjà longuement été question de Johann Adolf Hasse
sur ce blogue, il convenait certainement d’appuyer ces diverses considérations
sur le principal ouvrage publié sur la vie et l’œuvre du Saxon. Auteur d’une
thèse sur les mises en musique de l’Achille in Sciro de Métastase par Caldara, Leo et Hasse, professeur d’histoire de la musique à l’université catholique de Milan et
à l’Université du Piémont Oriental, collaborateur
de la revue Amadeus, Raffaele Mellace
a en effet consacré à ce compositeur un bel ouvrage qui mérite d’être signalé à
tous ceux qui s’intéressent à cette figure essentielle du XVIIIe siècle
musical. L’auteur ne cache pas son but : il s’agit de remédier à l’oubli
dans lequel est tombée la musique de Hasse au cours des XIXe et XXe siècles,
victime du triomphe de la bourgeoisie dans l’Europe postrévolutionnaire et de
la disparition des institutions courtisanes ou ecclésiastiques où avait vu le
jour l’œuvre du compositeur, ainsi que de la musicologie nationaliste et de
l’idéal romantique de la musique absolue (p. 19). Hasse, représentant par
excellence, tant par sa vie que par sa musique, de la sociabilité du milieu du
XVIIIe siècle (p. 21) et d’une époque qu’une musicologie aux vues souvent
téléologique tend à considérer comme une simple transition entre le baroque
tardif de Bach et de Haendel et le classicisme de Haydn et de Mozart (p. 18), a
été ainsi frappé par une véritable « damnatio
memoriae » (p. 21). Mellace vise donc non tant à faire œuvre de
chercheur ou d’érudit qu’à constituer une synthèse des divers travaux publiés
sur Hasse et sa musique en vue de les faire connaître et d’attirer sur eux
l’attention des mélomanes.
samedi 3 novembre 2012
Dominique AVON et Philippe ROCHER, Les jésuites et la société française (XIXe-XXe siècles), Editions Privat, Toulouse, 2001, 288 pages
Comment les jésuites, champions de l’intransigeance
catholique au XIXe siècle, en sont-ils venus, dans la seconde moitié du XXe
siècle, à se faire les promoteurs d’un « nouvel humanisme » qui va
jusqu’à mettre à distance le christianisme et l’autorité de l’Eglise ? C’est
à cette question que Les jésuites et la
société française (XIXe-XXe siècles), publié aux éditions Privat en 2001
par Dominique Avon, maître de conférence à l’université Paul-Valéry de
Montpellier et auteur d’une thèse sur le P. Doncœur, et Philippe Rocher, auteur
d’articles sur l’histoire des jésuites en France et au Québec à l’époque
contemporaine, peut donner quelques éléments de réponse. Supprimée en France
dès 1764 et universellement en 1773, victime des assauts des Lumières comme des
jansénistes, la Société de Jésus est rétablie en 1814, s’affirme aussitôt comme
le fer de lance de la reconquête catholique de la société française et occupe
donc une place singulière dans les rapports qu’entretient l’Eglise avec le
monde.
lundi 29 octobre 2012
L'apparition de la haine généralisée de la Raison (1950-1980)
« C’est toi que j’invoque, ô Christ ! C’est de la
couleur de Ton Sang versé pour nous,
dont nous avons teint les étendards populaires. »
Jules Alix
(membre du Conseil de la Commune de Paris)
Paroles de combat
« Sur un vieux fond de mysticisme chrétien et
de spiritualité catholique, je suis à la fois
nietzschéen et marxiste. »
Antoine de Saint-Exupéry
Propos rapporté par Jean Mermoz
« Cette façon en quelque sorte gallicane
de penser religieusement l’athéisme,
comme un croyant vit sa foi, est un des
traits caractéristiques de bien des
Français d’aujourd’hui. »
Comte Hermann von Keysserling
Analyse spectrale de l’Europe
En ce qui concerne les années 1950-1980, le schéma de l’histoire politique qui prévaut est à peu près celui-ci : les « forces démocratiques » (bourgeoisie classique – « droite » – centre – démocratie chrétienne) auraient fait chorus contre un « danger » omniprésent, représenté en France par le Parti Communiste : le « totalitarisme ». En outre, « à l’extrême gauche » se serait située une terra incognita de groupuscules pouvant entraîner à diverses aventures, depuis une dictature un peu plus plombante que celle des « staliniens » jusqu’à une sorte d’anarchie libertaire. On oublierait presque de citer de très petits partis ou courants dits de « nouvelle gauche », ainsi que les « chrétiens de gauche », qui soulevaient parfois des questions hors du cadre politique convenu.
jeudi 27 septembre 2012
« Tentatives désespérées » de définition d’une aumônerie étudiante…
Rassemblement "Ecclesia Campus", regroupant les communautés chrétiennes des grandes écoles françaises (Source : http://jeunescathos49.fr/cge-chretiens-en-grandes-ecoles/)
Dans la brochure publiée pour la rentrée de septembre
2012 par les aumôneries chrétiennes
(sic) d’une grande école parisienne dont nous tairons le nom par souci d’éviter
d’inutiles polémiques et parce que la brochure n’était probablement pas
destinée à être diffusée hors de l’école, quoiqu’en soi rien ne s’y oppose, une
« présentation de l’aumônerie » pour le moins surprenante. En effet,
cette présentation consiste en sept « tentatives désespérées de
définition » dont c’est peu dire que le contenu laisse songeur.
mercredi 19 septembre 2012
Compte rendu de la conférence de l’abbé Guillaume de Tanoüarn : Vincent Peillon, ministre de la religion laïque. Nouvelle donne sur la laïcité en France
L’abbé Guillaume de Tanoüarn, prêtre de l’Institut du Bon Pasteur, a tenu le 18 septembre 2012, dans le cadre des conférences du mardi du Centre culturel chrétien Saint-Paul, une conférence sur la tradition intellectuelle laïque dont Vincent Peillon, actuel ministre de l’Education Nationale, se veut l’héritier.
dimanche 9 septembre 2012
Pourquoi les catholiques ne comprennent plus l’enseignement de l’Eglise : à propos d’un article de René Poujol
René Poujol, journaliste à l’hebdomadaire Le Pèlerin, a publié récemment sur son blogue une réponse[1] à une tribune où Natalia Trouiller, journaliste elle aussi, s’efforçait de mettre en évidence la valeur et la beauté de l’enseignement de l’Eglise catholique en matière de morale sexuelle[2]. Après avoir assuré Natalia Trouiller de son estime et de son amitié, et l’avoir remerciée d’avoir sereinement exprimé son point de vue, René Poujol se déclare cependant insatisfait de la réponse qui lui est faite.
jeudi 30 août 2012
Françoise MELONIO, Tocqueville et les Français, Aubier, Paris, 1993, 408 pages
Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégée de Lettres, Françoise Mélonio, après une thèse de doctorat en littérature médiévale à l’Université Toulouse-Le Mirail, a soutenu en 1991 sa thèse d’Etat sur Tocqueville dans la culture française. Elle s’est ainsi affirmée comme une spécialiste de Tocqueville et d’histoire culturelle de la France contemporaine, au carrefour de l’histoire des idées politiques et de la littérature, contribuant à l’édition des œuvres de Tocqueville à la Pléiade, à l’Histoire culturelle de la France publiée au Seuil en 1998 ou à la partie consacrée au XIXe siècle de La littérature française, dynamique et histoire, publié en 2007 sous la direction de Jean-Yves Tadié. Tocqueville et les Français, publié en 1993, s’inscrit directement dans le champ d’investigation de la thèse d’Etat de l’auteur, qui se propose d’examiner, au travers de la réception de l’œuvre d’Alexis de Tocqueville, l’histoire de l’élaboration d’un modèle français de démocratie. En effet, Françoise Mélonio note que les Français du XIXe siècle ont cherché la réponse à la question posée par la singularité française dans la Révolution, suivis par les historiens, qui font de l’histoire de la transition démocratique celle d’une Révolution qui s’étire. L’objet de l’ouvrage est donc de secouer la « fascination tyrannique des origines », qui réduit le XIXe siècle à un « entre-deux » (p. 7). Or, dans la réflexion sur française sur l’invention de la démocratie, l’œuvre de Tocqueville paraît surplomber les autres, de sorte qu’il est nécessaire d’entreprendre la « chronique de la conversation querelleuse des Français avec Tocqueville » (p. 8). En effet, si De la démocratie en Amérique devient un classique aux Etats-Unis dès 1835, son auteur, alors qu’il est aujourd’hui souvent exalté comme « prophète » (p. 12), semble largement délaissé de 1880 à 1950, relégué dans l’archaïsme par l’essor des sciences de l’homme.
samedi 11 août 2012
Bref tour d’horizon de la discographie de Hasse (6) : Les cantates de chambre
Si Johann Adolf Hasse s’est illustré dans le genre de l’opera seria, qui pouvait prendre des
dimensions monumentales (jusqu’à quatre ou cinq heures de musique), il a
également pratiqué des formes nettement plus brèves, notamment la cantate. Bien
qu’il soit demeuré dans ce domaine beaucoup moins productif que son maître
Alessandro Scarlatti, auteur de sept cents cantates, il a ainsi composé environ
quatre-vingts cantates. Par commodité, nous distinguerons les cantates de
chambre, pour voix avec accompagnement de basse continue et parfois d’un ou
deux instruments de dessus (flûtes ou violons), issues du genre de la cantate
italienne du XVIIe siècle, des cantates avec accompagnement d’orchestre,
souvent elles aussi désignées comme « cantate
da camera », mais nettement plus proches de l’opéra. On peut y ajouter
des airs séparés, qui se rattachent par leur style à l’un ou l’autre genre.
Les cantates de chambre de Hasse, souvent composées sur
des textes poétiques pastoraux et sentimentaux marqués par l’influence
arcadienne, suivent un modèle simple (deux airs, chacun précédé d’un récitatif,
parfois accompagné). Mobilisant peu de moyens, ces cantates, même si leur
immense majorité demeure à redécouvrir, ont fait l’objet de plusieurs
enregistrements de valeur inégale.
Cantates, volume 1, par Lia Serafini, Gabriela
Martellacci et l’Accademia del Ricercare dirigée par Pietro Busca
On peut mentionner tout d’abord le disque paru en 2008
chez Brilliant Classics et désigné comme le « volume 1 » d’une série
qui semble cependant n’avoir pas été continuée, ce qui est dommage, malgré les
faiblesses de l’interprétation (le chant aussi bien que l’accompagnement
instrumental de l’Accademia del Ricarcare semblent souvent très brouillons),
qu’aggrave une prise de son lointaine et défaillante ; en effet, le
disque, malgré ses travers, permet de découvrir des pages intéressantes et inédites
au disque, notamment l’aria pour soprano, violons et basse « Come l’ape », encore fortement
marquée par l’influence d’Alessandro Scarlatti, la cantate Il nome, pour alto, flûte et
basse continue, sur un texte de Métastase repris ultérieurement par Hasse à
Vienne avec un accompagnement instrumental plus développé, ou l’aria « Muta è l’imago », très élégante et
assez caractéristique du style de Hasse au début de sa carrière.
Bella mi parto,
par Kai Wessel et Musica Alta Ripa
De facture nettement supérieure, Bella mi parto déçoit cependant en raison du caractère souvent trop
lisse et terne de l’interprétation, ainsi que du choix de pièces instrumentales
(une sonate pour clavecin, une sonate en trio et un concerto pour mandoline)
qui sont loin de relever du meilleur de la production de Hasse, même dans ce
domaine. Les cantates retenues, typiques du genre de la cantate de chambre,
composées sur des poèmes marqués par l’Arcadie, sont cependant intéressantes,
surtout Se il cantor trace, où la
comparaison du poète à Orphée donne lieu à une musique très mélancolique et
expressive, tant dans les récitatifs (où les arpèges des violons imitent la
lyre) que dans les airs ; on peut noter aussi la beauté et le raffinement
des récitatifs accompagnés très théâtraux de Ah troppo è ver. L’interprétation du contre-ténor Kai Wessel, bien
qu’agréable, tend à manquer parfois de relief.
Cantates, ballades et sonates, par Julianne Baird et
Nancy Hadden
Le disque qu’il faut recommander, en ce qui concerne les
cantates de chambre, est plus probablement celui de la soprano Julianne Baird,
qui interprète un beau programme construit autour de deux cantates avec
accompagnement de flûte et basse continue ; le premier air de la cantate Quel vago seno, o fille, qui ouvre
l’enregistrement, une envolée élégante dont le style rappelle l’opéra et où la
flûte, loin d’être cantonnée à l’accompagnement du chant, a un véritable statut
de soliste, permet d’entendre des interprètes qui parviennent à restituer la
délicatesse de cette musique sans pour autant l’affadir. La cantate Fille, dolce, moi bene, moins
remarquable, n’en demeure pas moins une belle découverte. On peut noter aussi
que les pièces instrumentales (la sonate pour flûte en si mineur et la sonate
pour clavecin en ut mineur, toutes deux en quatre mouvements), contrairement à
celles qu’a retenues Musica Alta Ripa, sont intéressantes et interprétées sans
mollesse. La réduction pour viole de gambe et clavecin de l’aria « Ah Dio ritornate » de l’oratorio La conversione di sant’Agostino est
sensible, délicate et agréable. Les quatre ballades vénitiennes qui concluent
le disque sont d’attribution douteuse, à l’exception de « Grazie agl’inganni tuoi » ; ce
sont de courtes pièces simples et élégantes.
Jean Lodez
mardi 24 juillet 2012
Bref tour d’horizon de la discographie de Hasse (5) : Motets et antiennes mariales
Le cloître de l'hôpital des Incurables, institution pour laquelle Hasse composa la plupart de ses motets.
L’une des œuvres sacrées les plus célèbres de Johann Adolf Hasse est peut-être son Salve Regina en la majeur, écrit au début des années 1730 pour les Incurabili de Venise. On le retrouve dans deux enregistrements consacrés à la musique sacrée pour voix soliste du compositeur saxon. Cette musique d’abord plus aisé que les opéras peut également constituer une bonne introduction à l’œuvre de Hasse, d’autant plus qu’elle a bénéficié du concours d’interprètes de premier ordre.
vendredi 20 juillet 2012
Artaserse (1730) de Hasse à Martina Franca
Le 14 juillet dernier, la radio italienne (Radiorai3) diffusait en direct du festival du Valle d’Istria à Martina Franca l’Artaserse, opera seria de Johann Adolf Hasse sur un livret de Métastase. La version proposée était celle de 1730, soit la première mise en musique du livret par le Saxon, qui a profondément réaménagé la partition en 1740 (dix arias nouvelles) pour des représentations à Dresde ; le rôle de Mandane, notamment, initialement confié à Francesca Cuzzoni, a alors été largement réécrit pour l’épouse du compositeur, Faustina Bordoni. En 1760, Hasse est revenu une dernière fois au livret de Métastase pour une partition créée au San Carlo de Naples qui ne conservait que trois airs de la version de 1730.
mercredi 18 juillet 2012
Les catholiques de gauche (6) : Pourquoi les progressistes restent-ils dans l'Eglise ?
La lecture des « billets » du Centre Pastoral Halles-Beaubourg permet de constater le malaise qu’éprouvent certains de leurs rédacteurs au sein de l’Eglise aujourd’hui. « A titre personnel, je me demande quelle est ma place dans cette église qui est si massivement étrangère à mes opinions », se demande ainsi un rédacteur en songeant que 80% des catholiques pratiquants ont voté à droite aux dernières élections présidentielles[1].
samedi 14 juillet 2012
Les catholiques de gauche (5) : L'héritage pastoral du progressisme chrétien - Un exemple parisien
S’il existe un corps de doctrine catholique de gauche issu du progressisme des années 1950 et qui s’est transmis jusqu’à nos jours, celui-ci demeure le plus souvent implicite et peu précis, malgré la relative netteté des choix fondamentaux qu’il opère. En effet, l’héritage du progressisme chrétien est avant tout pastoral. Même la théorie de l’assomption promue par le P. Montuclard, intellectuel qui entretenait peu de liens directs avec le terrain, est difficilement dissociable du contexte pastoral qui l’a vu naître, celui du mouvement missionnaire ouvrier et de la remise en cause de l’Action catholique mandatée.
mardi 10 juillet 2012
Les catholiques de gauche (4) : L’héritage doctrinal du progressisme chrétien
Parmi les catholiques, le terme de « progressiste » revêt aujourd’hui une signification assez vague : il sert en effet indistinctement à désigner catholiques de gauche, néomodernistes et adversaires de la morale naturelle. Il en était différemment au début des années 1950. Non qu’il eût alors été facile de définir ce qu’étaient les progressistes chrétiens : nombre de ceux qu’on appelait ainsi refusaient d’être ainsi qualifiés, et il est malaisé de présenter une synthèse de leur doctrine : Jeunesse de l’Eglise, dont il a été question dans l’article précédent, n’en constituait que la pointe extrême, et ses membres avaient peu de liens directs avec l’action, tandis qu’au contraire nombre de militants considérés par leurs adversaires comme progressistes n’ont jamais fait l’effort d’élaboration théorique auquel a pu se livrer le P. Montuclard. Mais l’on peut du moins avancer une ébauche de définition générale de ce qu’est le progressisme : au milieu du XXe siècle, être progressiste consiste à considérer que l’on ne peut s’opposer au communisme sans se couper de la classe ouvrière[1].
jeudi 5 juillet 2012
Les catholiques de gauche (3) : De la chrétienté à la mission – Le tournant progressiste
Les Saints vont en enfer, roman de Cesbron sur les prêtres-ouvriers
Le vocabulaire de la chrétienté, et, dans une moindre mesure, celui de la mission, dénotent aujourd’hui souvent l’appartenance à un catholicisme très traditionnel ou du moins « identitaire », à mille lieues du catholicisme de gauche, et il est significatif que les deux mots de « chrétienté » et de « mission » soient accolés à celui de « Tradition » dans l’une des devises du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté, qui réunit des catholiques attachés à la liturgie latine traditionnelle. Les choses n’ont cependant pas toujours été aussi claires ; et ces deux mots, avec des implications certes parfois bien différentes, ont pu être invoqués par des catholiques de gauche, voire constituer leur objectif prioritaire.
mardi 3 juillet 2012
Les catholiques de gauche (2) : D’hier à aujourd’hui
Georges Hourdin, grande figure de la presse catholique de gauche.
Dans mon article précédent, je me suis efforcé de rappeler que la « gauche catholique », sous le pontificat de Pie XI, s’engage largement dans la construction de la « nouvelle chrétienté », même si l’on peut noter l’équivoque que couvre un tel vocabulaire. On objectera peut-être que les catholiques de gauche ont oublié ou renié ces racines, tels Jean-Marie Paupert rangeant au lendemain du Concile Jacques Maritain au nombre des « vieillards de chrétienté » ; qu’il n’y a en un mot rien de commun entre, justement, un Jacques Maritain, qui en 1968 collaborait à la rédaction du magnifique Credo du Peuple de Dieu de Paul VI, et tel journaliste du Pèlerin reprochant au jésuite Bernard Sesbouë, qui n’est pourtant pas précisément un intégriste, de défendre la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Du point de vue de la foi, c’est parfois exact, hélas, et Jacques Maritain ne fut pas le dernier à dénoncer l’apostasie immanente, la « chronolâtrie » de bien des catholiques. Mais outre qu’il est aujourd’hui malaisé, en ces temps où l’autorité ecclésiastique n’est plus exercée qu’avec la timidité la plus extrême, de distinguer nettement l’hérésie formelle des résultats de la simple ignorance, ce n’est pas assez que de relever l’apostasie ou l’hérésie de certains catholiques de gauche pour en conclure qu’ils n’ont absolument rien en commun avec leurs ancêtres du temps de Pie XI.
mardi 26 juin 2012
Les catholiques de gauche (1) : La "nouvelle chrétienté"
Jacques Maritain se désignait lui-même comme un homme de gauche.
« La gauche, écrivait Gottfried dans l’article sur les catholiques de gauche dont il a déjà été question sur ce blogue, c’est le relativisme culturel qui assure à nos chères petites têtes blondes, que la civilisation chrétienne vaut le monde arabo-musulman ou les cultures africaines. Je précise que nous sommes censés construire la Cité catholique et non une cité multiculturelle et pluri-religieuse[1]. »
samedi 23 juin 2012
Imprécation n'est pas raison
Le 6 juin dernier, l’auteur qui signe Gottfried a publié sur Le Rouge et le Noir un article consacré aux catholiques de gauche, ou plutôt une véhémente attaque à leur encontre[1]. Loin de moi la volonté de défendre les catholiques de gauche, qui ont fait, et font encore, une bien mauvaise œuvre, au sein de l’Eglise comme dans la société. Mais était-il bien nécessaire de ne dérouler contre eux qu’un long chapelet de lieux communs[2] ?
jeudi 21 juin 2012
Alain Hugon, Au service du Roi catholique. « Honorables ambassadeurs » et « divins espions ». Représentation diplomatique et service secret dans les relations hispano-françaises de 1598 à 1635, Casa de Velázquez, Madrid, 2004
Au service du Roi Catholique. « Honorables ambassadeurs » et « divins espions », publié en 2004 par Casa de Velázquez, est issu d’une thèse soutenue en 1996 par Alain Hugon à l’Université de Caen, portant sur « représentation diplomatique et service secret dans les relations hispano-françaises de 1598 à 1635 ». Il s’agit donc d’étudier, en s’appuyant sur une base de données de deux cent quarante espions, dans la période d’accalmie qui s’étend de la paix de Vervins à la déclaration de guerre de 1635, la diplomatie tant officielle que secrète de la monarchie espagnole : en effet, l’espionnage s’insère dans le cadre général de la diplomatie, tandis que l’ambassadeur, protégé par les immunités dont il bénéficie, apparaît souvent comme le premier informateur de la monarchie.
samedi 16 juin 2012
"Catholiques d'abord" (2) : Permanences et dérives du mouvement catholique au XXe siècle
Cet article est la suite du compte rendu de l'ouvrage d'Yvon Tranvouez Catholiques d'abord. Approches du mouvement catholique en France (XIXe-XXe siècle) dont la première partie a été publiée ici : http://contre-debat.blogspot.fr/2012/06/catholiques-dabord-1-le-mouvement.html
La deuxième partie de l’ouvrage d’Yvon Tranvouez examine les rapports de la « nouvelle chrétienté » promue sous le pontificat de Pie XI avec la modernité. L’idée d’une « nouvelle chrétienté » est développée à partir de l’encyclique Quas Primas sur la royauté du Christ (p. 109) après avoir été esquissée dès l’encyclique Ubi Arcano, qui se donne un programme de restauration de l’ordre social chrétien (p. 115). En France, la mobilisation contre le Cartel des Gauches favorise la concentration des forces catholiques. L’auteur parle ainsi d’une « convergence catastrophique » (p. 116), propre à nourrir le discours intransigeant catastrophiste sur la faillite inévitable de la société (p. 119) dans un contexte marqué par le péril communiste ou par la révolte des Cristeros au Mexique.
mercredi 13 juin 2012
Compte rendu de la conférence de l’abbé Guillaume de Tanoüarn : La religion de Jean-Jacques Rousseau
Cet article est issu de notes prises lors de la conférence tenue par Monsieur l’abbé Guillaume de Tanoüarn, de l’Institut du Bon Pasteur, au Centre Saint-Paul, à Paris, le 12 juin 2012.
Rousseau, un penseur des Lumières
Lors de la conférence tenue le 12 juin 2012 au Centre culturel chrétien Saint-Paul, l’abbé Guillaume de Tanoüarn s’est tout d’abord attaché à montrer qu’en dépit de son apparente originalité, liée probablement à la beauté de son écriture, et malgré ses inimitiés personnelles avec Voltaire ou d’Holbach, Jean-Jacques Rousseau partage profondément l’esprit de son temps, c’est-à-dire du siècle des Lumières, auxquelles l’Eglise n’a pas immédiatement réagi : en 1750, Benoît XIV se laisse dédier par Voltaire la tragédie Mahomet. Les autorités de l’Eglise ne perçoivent tout d’abord des Lumières que leur effort d’érudition, qui ne semble pas rompre avec celui qu’elles avaient promu depuis le XVIe siècle. Cependant, elles sont tout d’abord peu sensibles à l’esprit des Lumières, que le conférencier n’hésitait pas à déclarer « intrinsèquement pervers ».
M. Sarkozy et son Gouvernement ont-ils amélioré nos institutions ? Analyse de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 (2)
Vous retrouverez la première partie de cette étude en cliquant ici.
2) MAINTENIR L'ÉQUILIBRE DES POUVOIRS
2) MAINTENIR L'ÉQUILIBRE DES POUVOIRS
La Ve République voulait rationaliser le parlementarisme
français sans pour autant revenir sur la tradition française du régime
parlementaire. Or la réforme constitutionnelle de 2008 contient certains
changements qui apparaissent en contradiction avec l’esprit de la Constitution.
samedi 9 juin 2012
« Catholiques d'abord » (1) - Le mouvement catholique au XIXe siècle
Compte rendu : Yvon TRANVOUEZ, Catholiques d’abord. Approches du mouvement catholique en France (XIXe-XXe siècle), Les Éditions Ouvrières, Paris, 1988, 264 pages.
Aujourd’hui professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bretagne Occidentale à Brest, Yvon Tranvouez s’est distingué notamment par ses travaux sur le mouvement catholique en France, sous la direction puis dans le sillage d’Émile Poulat. C’est dans ce champ d’investigation que s’inscrit résolument Catholiques d’abord. Approches du mouvement catholique en France (XIXe-XXe siècle). Refusant, à la suite d’Émile Poulat, l’analyse de la société contemporaine en terme d’opposition entre une droite libérale et une gauche communiste, l’auteur affirme avec force la nécessité de ne pas oublier la « vigoureuse réaction du catholicisme à la situation nouvelle qui lui était faite » après la Révolution.
vendredi 8 juin 2012
Bref tour d'horizon de la discographie de Hasse (4) : Le premier récital lyrique consacré à Johann Adolf Hasse – Hasse Reloaded, par Valer Barna-Sabadus
Cela mérite d’être signalé : le premier récital entièrement consacré à Hasse (à l’exception d’un air, inséré par Porpora dans l’Artaserse londonien de 1734) vient de paraître en France, il y a un ou deux mois à peine. L’initiative en revient au contre-ténor Valer Barna-Sabadus et au chef d’orchestre Michael Hofstetter, qui se trouvaient déjà au cœur de la recréation contemporaine de la Didone abbandonata de 1742, dont il a déjà été question sur ce blogue.
mercredi 6 juin 2012
Les « feuilletons » de la Matinale de l’hebdomadaire La Vie : une singulière approche de l’actualité religieuse
Il a déjà été question sur Contre-Débat de la manière très particulière dont la « Matinale chrétienne » de l’hebdomadaire chrétien et humaniste La Vie traitait le problème délicat des rapports entre Rome et la Fraternité sacerdotale saint Pie X. Il me semble que la Matinale du 5 juin 2012[1], si elle n’aborde pas ce sujet, nous éclaire singulièrement sur son approche de l’actualité religieuse.
mardi 5 juin 2012
« Faisons Église » - Le comble de l’impiété ecclésiologique
Pour le Carême 2012, et pour commémorer les cinquante ans de l’ouverture du second concile du Vatican, le diocèse de Saint-Denis de la Réunion a jugé bon de publier un livret de carême au titre éloquent : « Faisons Eglise, vivons ensemble ». Ce n’est pas le second volet, si l’on peut dire, de ce titre qui retiendra ici notre attention, mais le premier : Faisons Église.
« Les enfants du KT apprennent à "faire Église" » (Source : http://catholique-tarn.cef.fr/spip.php?article2341) |
mardi 29 mai 2012
La crise de l'Eglise vue par un journaliste chrétien
Le 22 mai 2012, Patrice de Plunkett réagissait sur son « bloc-notes d’un journaliste chrétien » à la publication d’une inquiétante enquête conduite par le diocèse de Moulins par un article intitulé « Crise du catholicisme en France : oui, elle est radicale. Mais qu’on ne se trompe pas de diagnostic[1] ! » L’auteur expose donc tout d’abord le diagnostic qu’il juge faux, puis celui qu’il juge vrai, avant de proposer à grands traits ce qui lui semble être la solution à la crise de l’Eglise.
lundi 21 mai 2012
De curieuses informations dans les « Matinales chrétiennes » de l’hebdomadaire La Vie
Il semble décidément que dans certains milieux les traditionalistes, tout spécialement ceux de la Fraternité sacerdotale saint Pie X, déchaînent les passions, ou du moins suscitent une certaine fascination. Les « Matinales chrétiennes » régulièrement publiées sur le site de l’hebdomadaire « chrétien et humaniste » La Vie en sont un bon exemple, tant il est rare qu’elles demeurent longtemps sans évoquer l’actualité des relations entre Rome et la FSSPX.
Philippe DARRIULAT, Les patriotes : la gauche républicaine et la nation, 1830-1870, Paris, Éditions du Seuil, Coll. L'Univers historique, 2001, 336 p.
Compte-rendu : Philippe DARRIULAT, Les patriotes : la gauche républicaine et la nation, 1830-1870, Paris, Éditions du Seuil, Coll. L'Univers historique, 2001, 336 p.
Philippe Darriulat, né en 1958, historien, professeur d'histoire-géographie au lycée d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), est aussi un homme engagé en politique : ancien président de l'Union nationale des étudiants de France - Indépendante et démocratique (UNEF-ID), cadre du Parti socialiste, il fait aujourd'hui partie, avec Henri Emmanuelli et Benoît Hamon, du club Un Monde d'Avance ; il est adjoint au maire du 18e arrondissement de Paris en charge des affaires scolaires et de la recherche.
jeudi 10 mai 2012
Va-t-on donner aux socialistes le droit de modifier la Constitution à leur guise ?
On ne soulignera jamais assez que la Ve République est avant tout un régime parlementaire. La mise en œuvre de la politique voulue par le Président et préparée par son Gouvernement est subordonnée à l’élection d’un Parlement favorable à ceux-ci. Ce n’est qu’une fois cette condition remplie que le rôle du Président prend toute son ampleur, et que celui du Parlement semble, par corollaire, fortement réduit. Ainsi, le Parlement n’est jamais aussi puissant qu’au lendemain d’une élection législative – ce qui est pour le moins paradoxal, puisqu’il n’a voté aucune réforme à ce moment précis. Ainsi par exemple, la réforme fiscale voulue par François Hollande sera à juste titre considérée comme ayant été élaborée par son Gouvernement en cas de victoire des socialistes aux élections législatives. Mais cette dernière condition aura été déterminante : toute défaite, au contraire, empêchera totalement qu’une telle réforme fiscale ne soit mise en place. Elle ouvrirait une période de cohabitation, dans laquelle le Président garde certains pouvoirs, notamment dans le domaine diplomatique, mais ne peut aucunement conduire la politique de la nation.[1]
lundi 7 mai 2012
Réponse à Bougainville
Notre réflexion sur la réconciliation des catholiques ayant suscité une réponse de Bougainville dans Le Rouge et le Noir (http://www.lerougeetlenoir.org/les-opinantes/reponse-a-louis-marie-lamotte), nous nous permettons de lui répondre à notre tour.
L'abbé Philippe Laguérie, supérieur général de l'Institut du Bon Pasteur, célébrant la messe solennelle de la Pentecôte au pèlerinage Notre-Dame de chrétienté
lundi 30 avril 2012
M. Sarkozy et son Gouvernement ont-ils amélioré nos institutions ? Analyse de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 (1)
Née au milieu d'une crise grave, la guerre d'Algérie, et voulue par un homme possédant une forte légitimité populaire, le général de Gaulle, la Ve République est, de loin, celle qui a laissé le moins de place et de pouvoir au Parlement. Ainsi, symboliquement, alors que la Constitution de 1946 s'ouvrait sur le rôle et le fonctionnement du Parlement, la Constitution de 1958 ne pose les règles qui le régissent que dans le titre IV, après celles relatives au Président de la République et au Gouvernement. De même, elle n'accorde pas une place aussi grande au pouvoir judiciaire que dans d'autres démocraties occidentales : celui-ci est conçu comme une autorité, non dépourvue de tout lien, à travers un système de nominations, avec le pouvoir exécutif. Ce dernier est largement favorisé.
jeudi 26 avril 2012
Réconciliation ou esprit de parti ?
Pour poursuivre notre réflexion sur la réconciliation des catholiques, nous reproduisons, avec l'autorisation de son auteur, un message posté par Peregrinus sur le forum Fecit. Pour la commodité de la lecture, le texte a été très légèrement modifié afin de pouvoir être lu hors du contexte de l'échange où il prenait place.
S'il faut attendre que le Pape et la Curie soient parfaits sous tous rapports avant de faire quoi que ce soit, nous ne ferons jamais rien. Il est permis de penser que Léon XIII ou Pie XI ont commis, sur le plan politique ou pratique, des erreurs qui parfois n'ont pas été sans conséquences. Ces erreurs, me semble-t-il, n'ont pas servi aux catholiques du temps à invoquer sans cesse l'état de nécessité.
mercredi 25 avril 2012
L'analyse statistique du premier tour : corrélations, typologies et reports de voix au second tour
Quels enseignements tirer des suffrages exprimés, non exprimés et de l’abstention lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2012 ? Le but de cet article n’est pas de faire de la sociologie électorale comme la concevait Paul Lazarsfeld, c'est-à-dire en essayant d’expliquer le vote pour tel ou tel candidat par un certain nombre de variables sociologiques « lourdes » comme le revenu par personne, la pratique religieuse, le métier exercé... Un tel travail demanderait des données dont nous ne disposons pas, et beaucoup de temps, chose dont, hélas, nous ne disposons pas non plus.
Le but de cet article est avant tout de saisir la dynamique du vote des Français : chaque électeur a voté pour son candidat préféré, mais chacun n’a pas donné le même sens à son bulletin de vote ; deux personnes qui ont voté pour le même candidat peuvent l’avoir fait dans des états d'esprit très différents. Nous allons donc essayer de construire une typologie du vote exprimé par les Français lors de cette élection.
Le 22 Avril dernier les Français ont eu le choix entre dix candidats, le vote blanc ou l’abstention, ce qui laisse donc 12 possibilités. Les données dont nous disposons sont les résultats du premier tour pour chaque commune de France (cela fait plus de 36 000 observations !) et exprimés en pourcentage du nombre d’inscrits dans la commune. La méthode utilisée pour extraire l’information intéressante de ces données est l’analyse en composantes principales.
vendredi 20 avril 2012
Une opinion sur la réconciliation des catholiques (3)
L'Institut du Bon Pasteur (ici, l'abbé Billot célébrant sa première messe), dans la ligne de mire de Bougainville
Bougainville, non content de vouloir introduire dans la messe traditionnelle, assurément contre le gré des trois quarts au moins des prêtres qui la célèbrent, la communion sous les deux espèces, n’apprécie guère que certains de ces prêtres se montrent critiques vis-à-vis du nouveau rite de la messe. Les « problèmes concrets » qu’il mentionnait ne concernent en effet pas seulement les membres de la FSSPX, mais aussi certains prêtres des instituts Ecclesia Dei.
jeudi 19 avril 2012
Une opinion sur la réconciliation des catholiques (2)
Dans notre examen de l’article publié dans Le Rouge et le Noir par Bougainville, nous nous sommes intéressés tout d’abord aux idées qu’il exprime en matière de discipline sacramentelle, à l’occasion de la réconciliation annoncée entre Rome et la FSSPX. Nous avons dit ce que nous pensons de ces idées, c’est-à-dire peu de bien. Mais c’est la suite de l’article surtout qui a retenu notre attention. Peut-être nous montrons-nous sévères ; cependant, puisque, comme on va le voir, l’abbé Christophe Héry est dénoncé comme quasi schismatique, qu’il devient un prêtre « un tantinet pharisien » et que l’abbé Guillaume de Tanoüarn est comparé à Luther et à Melanchthon (il en sera question dans la troisième et dernière partie de cet article), nous nous estimons en droit de faire, pour ainsi dire, quelques mises au point dont nous espérons qu'elles ne sont pas injustes.
Une opinion sur la réconciliation des catholiques (1)
Il y a quelques jours à peine, nous parlions ici même de ce que nous appelions la « tentation intellectuelle » de certains catholiques, que nous caractérisions par la priorité accordée à ce qui est intellectuellement intéressant à ce qui est doctrinalement vrai. Il semble que cette définition est incomplète : il lui manque un second trait, savoir : la tendance, pour ne pas paraître terre à terre, à s’affranchir de la lettre des textes et de toute référence précise pour se lancer à corps perdu dans de grandes idées souvent aussi vagues que générales, supposées géniales et par suite seules conformes au génie du christianisme.
mardi 17 avril 2012
Réponse à un anonyme : Faut-il être original ? - A propos d'une certaine tentation intellectuelle
A la suite de mon article « Un aveu de taille du quotidien La Croix », un commentateur anonyme me faisait le reproche qui suit :
A mon avis, il n'y a pas de discussion, d'arguments, d'idée intéressante, originale dans cette recension. Je m'attendais à un vrai contre-débat. La recension est juste une recherche d'indices, de mots clés pour ensuite classer dans des catégories connues. C'est un travail mental, mais pas intellectuel, à mon humble avis...
Première précision : cet article ne se voulait pas une recension, au sens d’un compte rendu critique d’un ouvrage. Si recension il y a, c’est l’article du P. Neusch, qui fait bel et bien la recension de l’ouvrage d’un théologien orthodoxe.
mardi 10 avril 2012
L'inexorable perte de souveraineté économique des Etats européens
Selon la typologie établie par l'économiste Richard Musgrave en 1959, l’une des trois fonctions de la politique économique est la stabilisation des fluctuations économique à court terme : au cours du temps des chocs peuvent faire dévier l’économie de son équilibre de long terme : la hausse du prix du pétrole par exemple induit un ralentissement de l’activité. La formation d’une bulle immobilière conduit au contraire à une surchauffe temporaire. On dit qu’à court terme l’activité économique fluctue autour de sa tendance de long terme. C’est là qu’intervient la politique de stabilisation : l’Etat essaye de réduire l’écart entre la production effective et son niveau potentiel. En période de surchauffe, il faut ralentir l’activité (en augmentant le coût de crédit aux entreprises par exemple) ; et en période de ralentissement, il faut au contraire soutenir l’activité, en subventionnant la demande, par exemple.
Richard Musgrave, pofesseur d'économie politique à Harvard |
Depuis la mise en place de la monnaie unique, les Etats concernés ne disposent plus que partiellement de la fonction de stabilisation de leur politique économique. Depuis la crise des dettes souveraines, ils n’en disposent plus du tout, avec les conséquences dramatiques que nous observons en Grèce…. Pour autant, l’euro est-il le seul responsable de cette situation ? Celle-ci n’est-elle pas au contraire le fruit d’une évolution historique et économique inexorable ?
lundi 2 avril 2012
Raymond HUARD, La naissance du parti politique en France, Presses de Sciences Po, Paris, 1996, 383 pages
Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paul Valéry de Montpellier, Raymond Huard s’attache, dans La naissance du parti politique en France, à retracer l’émergence au cours du XIXe siècle de l’organisation partisane des forces politiques. Résultat de l’identification entre une opinion politique déterminée et une organisation nationalement ou internationalement structurée, le parti a longtemps souffert de sa mauvaise réputation : les partis, comme le note l’auteur au début de son ouvrage, sont perçus comme des factions, des machines, des appareils qui pervertissent le débat politique et rendent impossible la libre discussion. De plus, si de nombreuses études ont été conduites sur les forces politiques françaises, peu s’interrogent sur la genèse de leur organisation partisane ; dans Pour une histoire politique (1988), dirigé par René Rémond, Serge Berstein, chargé du chapitre sur les partis, note ainsi que l’étude des partis s’est souvent limitée à des monographies très événementielles ou à des ouvrages focalisés sur les formations marxistes, parfois non sans parti-pris idéologique, ce qui a contribué à jeter le discrédit sur l’histoire des formations partisanes.
lundi 26 mars 2012
La présidentielle 2012 : une campagne inintéressante
Selon un sondage Ipsos, 65 % des Français estiment que la campagne présidentielle est peu intéressante[i]. Nous les comprenons ! Et pour cause ! Réduction du déficit oblige, les candidats ne parlent que d’économie. Enfin, d’économie : de comptabilité ou de gestion. Les débats économiques de fond, sur les bienfaits de la mondialisation, sur la libéralisation et la financiarisation de l’économie, à l’œuvre depuis les années 1980, sur le bienfondé de l’existence même des inégalités sociales (après tout pourquoi devrait-il y avoir des riches et pourquoi devrait il y avoir des pauvres ?) sont les grands absents de cette campagne. L’économie en tant que théorie de la répartition des richesses est invisible dans les débats de 2012. A la place, préférons les comptes d’apothicaires ; débattons du nombre de milliards d’euros nécessaires au financement de telle ou telle mesurette. Du fait de la crise de la dette, de la perte du triple A qui soulève la crainte d’un avenir aussi triste que celui de la Grèce, les candidats sont contraints de présenter des programmes autofinancés. Chaque mesure doit être chiffrée et son financement doit être explicité.
Tout cela est stérile et vain.
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