lundi 30 avril 2012

M. Sarkozy et son Gouvernement ont-ils amélioré nos institutions ? Analyse de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 (1)


Née au milieu d'une crise grave, la guerre d'Algérie, et voulue par un homme possédant une forte légitimité populaire, le général de Gaulle, la Ve République est, de loin, celle qui a laissé le moins de place et de pouvoir au Parlement. Ainsi, symboliquement, alors que la Constitution de 1946 s'ouvrait sur le rôle et le fonctionnement du Parlement, la Constitution de 1958 ne pose les règles qui le régissent que dans le titre IV, après celles relatives au Président de la République et au Gouvernement. De même, elle n'accorde pas une place aussi grande au pouvoir judiciaire que dans d'autres démocraties occidentales : celui-ci est conçu comme une autorité, non dépourvue de tout lien, à travers un système de nominations, avec le pouvoir exécutif. Ce dernier est largement favorisé.
 

jeudi 26 avril 2012

Réconciliation ou esprit de parti ?

Pour poursuivre notre réflexion sur la réconciliation des catholiques, nous reproduisons, avec l'autorisation de son auteur, un message posté par Peregrinus sur le forum Fecit. Pour la commodité de la lecture, le texte a été très légèrement modifié afin de pouvoir être lu hors du contexte de l'échange où il prenait place.

S'il faut attendre que le Pape et la Curie soient parfaits sous tous rapports avant de faire quoi que ce soit, nous ne ferons jamais rien. Il est permis de penser que Léon XIII ou Pie XI ont commis, sur le plan politique ou pratique, des erreurs qui parfois n'ont pas été sans conséquences. Ces erreurs, me semble-t-il, n'ont pas servi aux catholiques du temps à invoquer sans cesse l'état de nécessité.

mercredi 25 avril 2012

L'analyse statistique du premier tour : corrélations, typologies et reports de voix au second tour


Quels enseignements tirer des suffrages exprimés,  non exprimés et de l’abstention lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2012 ? Le but de cet article n’est pas de faire de la sociologie électorale comme la concevait Paul Lazarsfeld, c'est-à-dire en essayant d’expliquer le vote pour tel ou tel candidat par un certain nombre de variables sociologiques « lourdes » comme le revenu par personne, la pratique religieuse, le métier exercé... Un tel travail demanderait des données dont nous ne disposons pas, et beaucoup de temps, chose dont, hélas, nous ne disposons pas non plus.
Le but de cet article est avant tout de saisir la dynamique du vote des Français : chaque électeur a voté pour son candidat préféré, mais chacun n’a pas donné le même sens à son bulletin de vote ; deux personnes qui ont voté pour le même candidat peuvent l’avoir fait dans des états d'esprit très différents. Nous allons donc essayer de construire une typologie du vote exprimé par les Français lors de cette élection.



Le 22 Avril dernier les Français ont eu le choix entre dix candidats, le vote blanc ou l’abstention, ce qui laisse donc 12 possibilités. Les données dont nous disposons sont les résultats du premier tour pour chaque commune  de France (cela fait plus de 36 000 observations !) et exprimés en pourcentage du nombre d’inscrits dans la commune. La méthode utilisée pour extraire l’information intéressante de ces données est l’analyse en composantes principales.

vendredi 20 avril 2012

Une opinion sur la réconciliation des catholiques (3)

L'Institut du Bon Pasteur (ici, l'abbé Billot célébrant sa première messe), dans la ligne de mire de Bougainville

Bougainville, non content de vouloir introduire dans la messe traditionnelle, assurément contre le gré des trois quarts au moins des prêtres qui la célèbrent, la communion sous les deux espèces, n’apprécie guère que certains de ces prêtres se montrent critiques vis-à-vis du nouveau rite de la messe. Les « problèmes concrets » qu’il mentionnait ne concernent en effet pas seulement les membres de la FSSPX, mais aussi certains prêtres des instituts Ecclesia Dei.  

jeudi 19 avril 2012

Une opinion sur la réconciliation des catholiques (2)

Dans notre examen de l’article publié dans Le Rouge et le Noir par Bougainville, nous nous sommes intéressés tout d’abord aux idées qu’il exprime en matière de discipline sacramentelle, à l’occasion de la réconciliation annoncée entre Rome et la FSSPX. Nous avons dit ce que nous pensons de ces idées, c’est-à-dire peu de bien. Mais c’est la suite de l’article surtout qui a retenu notre attention. Peut-être nous montrons-nous sévères ; cependant, puisque, comme on va le voir, l’abbé Christophe Héry est dénoncé comme quasi schismatique, qu’il devient un prêtre « un tantinet pharisien » et que l’abbé Guillaume de Tanoüarn est comparé à Luther et à Melanchthon (il en sera question dans la troisième et dernière partie de cet article), nous nous estimons en droit de faire, pour ainsi dire, quelques mises au point dont nous espérons qu'elles ne sont pas injustes.

Une opinion sur la réconciliation des catholiques (1)

Il y a quelques jours à peine, nous parlions ici même de ce que nous appelions la « tentation intellectuelle » de certains catholiques, que nous caractérisions par la priorité accordée à ce qui est intellectuellement intéressant à ce qui est doctrinalement vrai. Il semble que cette définition est incomplète : il lui manque un second trait, savoir : la tendance, pour ne pas paraître terre à terre, à s’affranchir de la lettre des textes et de toute référence précise pour se lancer à corps perdu dans de grandes idées souvent aussi vagues que générales, supposées géniales et par suite seules conformes au génie du christianisme.

mardi 17 avril 2012

Réponse à un anonyme : Faut-il être original ? - A propos d'une certaine tentation intellectuelle

A la suite de mon article « Un aveu de taille du quotidien La Croix », un commentateur anonyme me faisait le reproche qui suit :
A mon avis, il n'y a pas de discussion, d'arguments, d'idée intéressante, originale dans cette recension. Je m'attendais à un vrai contre-débat. La recension est juste une recherche d'indices, de mots clés pour ensuite classer dans des catégories connues. C'est un travail mental, mais pas intellectuel, à mon humble avis...
Première précision : cet article ne se voulait pas une recension, au sens d’un compte rendu critique d’un ouvrage. Si recension il y a, c’est l’article du P. Neusch, qui fait bel et bien la recension de l’ouvrage d’un théologien orthodoxe.

mardi 10 avril 2012

L'inexorable perte de souveraineté économique des Etats européens


Selon la typologie établie par l'économiste Richard Musgrave en 1959, l’une des trois fonctions de la politique économique est la stabilisation des fluctuations économique à court terme : au cours du temps des chocs peuvent faire dévier l’économie de son équilibre de long terme : la hausse du prix du pétrole par exemple induit un ralentissement de l’activité. La formation d’une bulle immobilière conduit au contraire à une surchauffe temporaire. On dit qu’à court terme l’activité économique fluctue autour de sa tendance de long terme. C’est là qu’intervient la politique de stabilisation : l’Etat essaye de réduire l’écart entre la production effective et son niveau potentiel. En période de surchauffe, il faut ralentir l’activité (en augmentant le coût de crédit aux entreprises par exemple) ; et en période de ralentissement, il faut au contraire soutenir l’activité, en subventionnant  la demande, par exemple.

Richard Musgrave, pofesseur d'économie politique à Harvard

Depuis la mise en place de la monnaie unique, les Etats concernés ne disposent plus que partiellement de la fonction de stabilisation de leur politique économique. Depuis la crise des dettes souveraines, ils n’en disposent plus du tout, avec les conséquences dramatiques que nous observons en Grèce…. Pour autant, l’euro est-il le seul responsable de cette situation ? Celle-ci n’est-elle pas au contraire le fruit d’une évolution historique et économique inexorable ?

lundi 2 avril 2012

Raymond HUARD, La naissance du parti politique en France, Presses de Sciences Po, Paris, 1996, 383 pages

Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paul Valéry de Montpellier, Raymond Huard s’attache, dans La naissance du parti politique en France, à retracer l’émergence au cours du XIXe siècle de l’organisation partisane des forces politiques. Résultat de l’identification entre une opinion politique déterminée et une organisation nationalement ou internationalement structurée, le parti a longtemps souffert de sa mauvaise réputation : les partis, comme le note l’auteur au début de son ouvrage, sont perçus comme des factions, des machines, des appareils qui pervertissent le débat politique et rendent impossible la libre discussion. De plus, si de nombreuses études ont été conduites sur les forces politiques françaises, peu s’interrogent sur la genèse de leur organisation partisane ; dans Pour une histoire politique (1988), dirigé par René Rémond, Serge Berstein, chargé du chapitre sur les partis, note ainsi que l’étude des partis s’est souvent limitée à des monographies très événementielles ou à des ouvrages focalisés sur les formations marxistes, parfois non sans parti-pris idéologique, ce qui a contribué à jeter le discrédit sur l’histoire des formations partisanes.