Au lendemain de la manifestation du 13 janvier, qui a vu
les adversaires du projet de loi sur le « mariage » homosexuel défiler
en masse dans les rues de Paris, le sociologue Eric Fassin, professeur à l’Université
Paris VIII et à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, dont il est
lui-même un ancien élève, a publié dans le quotidien Le Monde une tribune intitulée « L’Eglise catholique au mépris
du droit[1] »
en vue de dénoncer l’homophobie supposée de l’Eglise et de montrer qu’il
conviendrait, en raison des discriminations sexistes et homophobes auxquelles
elle procèderait, de la traîner devant les tribunaux.
En effet, écrit notre sociologue, l’Eglise, en refusant d’admettre
au saints ordres les candidats présentant une tendance homosexuelle foncière,
montrerait sa forfaiture en cessant de mettre en œuvre la distinction qu’elle
proclame entre tendances et actes. Qu’il s’agisse d’une précaution rendue
indispensable par le profil présenté généralement par les prêtres qui se sont
rendus coupables d’abus sexuels sur des mineurs, et non d’une condamnation
morale desdits candidats – aussi longtemps du moins que leur tendance ne se
traduit par aucun acte d’homosexualité – semble lui avoir échappé. Cependant,
ce n’est pas là l’outrage le plus manifeste qu’Eric Fassin fait au bon sens
dans cette tribune.
Le sociologue ne se contente pas, en effet, de dénoncer
ce qui lui apparaît, bien à tort, mais ce n’est pas la question, comme une
grave injustice ; il faut encore, comme on l’a écrit plus haut, qu’il
appelle de ses vœux la poursuite de l’Eglise devant les tribunaux pour discrimination homophobe à l’embauche.
Il convient ici de le citer :
Ce sera aux tribunaux d'en
juger, dès qu’un
séminariste alsacien ou mosellan, écarté de la carrière ecclésiastique, aura
porté plainte contre une telle discrimination dans l’emploi.
Ce pourrait être l'occasion de contester une autre exclusion, tellement familière que la justice
oublie de s’en soucier: les femmes
sont interdites de sacerdoce.
Passons sur la qualification du sacerdoce du Christ comme
emploi auquel il faudrait être admis
sans discrimination (c’est-à-dire finalement sans vocation) pour nous
intéresser plutôt aux menaces qu’agite le distingué sociologue. En effet,
celui-ci, sentant sans doute qu’on lui objectera qu’il ne revient pas à l’Etat
de fixer quelles doivent être les conditions d’admission aux saints ordres, s’emploie
généreusement à répondre par avance à ses contradicteurs :
Dira-t-on que la liberté
religieuse échappe à la loi commune ? Mais qu'est-ce qui empêcherait alors une
religion blanche de bannir les Noirs ou
les Arabes ?
Tout d’abord, on ne voit pas bien au nom de quoi notre
sociologue, qui est probablement démocrate, prétendrait interdire à une
religion qui n’aurait pas l’universalité de l’Eglise fondée par Jésus-Christ d’exclure
telle ou telle population, aussi longtemps qu’elle respecte l’ordre public. Mais
surtout, Eric Fassin, tout à son attaque contre la religion catholique, semble
ne pas voir qu’il existe en France une religion dont le principal critère d’appartenance
demeure héréditaire, à savoir le judaïsme.
Mieux encore : Eric Fassin semble n’avoir pas vu que
dans l’école même où il enseigne et dont il est issu, l’Ecole Normale
Supérieure, il existe un collectif qui pratique de telles discriminations ; et il ne s’agit pas précisément d’un
collectif catholique :
Le
collectif féministe de l’Ecole Normale Supérieure de Paris organise des réunions pour parler du machisme, du sexisme et “en finir avec le modèle patriarcal”. En bas de
l’affiche, il est indiqué (très sérieusement): “Est invitée
à participer toute personne assignée comme femme à la naissance ou se
considérant comme femme[2].”
Est invitée à
participer toute personne assignée comme femme à la naissance ou se considérant
comme femme : n’est-ce pas ici discriminer scandaleusement en
prétextant la tendance des personnes ne
se considérant pas comme femmes pour les exclure ?
Il ne semble pourtant pas qu’on ait vu M. Fassin s’en
scandaliser : du moins n’a-t-il étrangement pas jugé nécessaire d’exprimer
sa légitime indignation dans une tribune du Monde.
Louis-Marie Lamotte
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Contre-débat est un espace de réflexion et de discussion. Tout le monde peut donc commenter les articles présentés, et ce, même de façon anonyme. Pour assurer la bonne tenue des discussions, les commentaires sont soumis à modération.
Ainsi, il est demandé à nos aimables lecteurs-commentateurs de veiller à l'orthographe de la langue française, ainsi qu'au respect de leurs interlocuteurs.