dimanche 23 décembre 2012

Les impostures d’un homosexualiste catholique (4) : Philippe Ariño et la compatibilité de la foi et de l’homosexualité

L’article précédent de cette série a montré le curieux traitement que Philippe Ariño inflige aux saintes Ecritures. Cette lecture étrange des textes sacrés, qui le conduit à en relativiser largement la portée, n’est évidemment pas sans conséquence sur la manière dont il comprend et explique l’enseignement de l’Eglise catholique sur l’homosexualité.
 


Comment Philippe Ariño défend la compatibilité de l’homosexualité et de la foi catholique
Tout l’article dont nous faisons le commentaire semble répéter à n’en plus finir cette affirmation : C’est une erreur et un malentendu, causé par le manque de charité des catholiques et le sectarisme LGBT, si les homosexuels croient que foi et homosexualité sont incompatibles. On pourrait ici multiplier les citations : « Dans la tête de beaucoup de gens, homosexualité et foi catholique ne peuvent pas aller ensemble », écrit M. Ariño au début de son article, sur un ton qui laisse bien voir qu’il s’agit, de son point de vue, de combattre un préjugé, une idée reçue. « L’Eglise catholique en veut-elle vraiment aux personnes homosexuelles ? se demande-t-il plus loin. Vu ce qu’en montrent certains media, elles ont apparemment toutes les raisons de le croire. Et dans les faits, quelques-unes ont fait l’objet de réels rejets de la part d’ecclésiastiques et de certains fidèles à une époque où elles cherchaient une main tendue. Par conséquent, elles en déduisent que foi et homosexualité sont totalement incompatibles. » Apparemment, et l’adverbe n’est pas sans importance, les personnes homosexuelles ont des raisons de croire – et n’ont pas raison de croire – que la foi catholique et l’homosexualité sont incompatibles. La conclusion s’impose donc : il s’agit d’un pur et simple malentendu.
Le problème est que Philippe Ariño a fort mal posé la question, ce qui rend tout son discours équivoque. Il n’est bien sûr pas impossible à une personne homosexuelle d’avoir la foi, c’est-à-dire de croire, en vertu de l’autorité de Dieu qui se révèle et qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper, toutes les vérités révélées en Jésus-Christ et enseignées par son Eglise. Affirmer le contraire serait absurde ; de même qu’il serait absurde de déclarer qu’une personne adultère ou avare ne peut avoir la foi et, par leur foi et leur baptême qui en est le sacrement, faire partie de l’unique Eglise fondée par Jésus-Christ. On peut être catholique et adultère, catholique et avare ; personne ne dira pour autant, parce que l’on trouve simultanément en une même personne la foi et ces vices, que ceux-ci sont compatibles avec celle-là. On peut être catholique et homosexuel, mais cela ne rend pas pour autant l’homosexualité compatible avec la foi catholique. « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas », disait l’Apôtre (Rm VII, 19). On ne croit pas pour autant que saint Paul ait déclaré que ce mal qu’il fait quoiqu’il le haïsse soit compatible avec la foi et le bien.
 
Comment Philippe Ariño néglige d’utiles distinctions
Le problème n’est en effet pas seulement la foi, mais la foi vive qui, nous dit encore l’Apôtre, opère par la charité (Gal V, 6). Saint Jacques nous montre bien dans son épître le péril qu’il y a à avoir la foi sans les œuvres (Jc II, 14). Philippe Ariño aurait pu sauver son argumentation par une distinction qu’il ne fait malheureusement pas : la distinction entre membres vivants et membres morts de l’Eglise. « Pour être membre de l’Eglise, il est nécessaire d’être baptisé, de croire et professer la doctrine de Jésus-Christ, de participer aux mêmes sacrements, de reconnaître le Pape et les autres Pasteurs légitimes de l’Eglise », enseigne le Catéchisme de saint Pie X. Nul ne doute donc qu’une personne homosexuelle puisse faire partie de l’Eglise catholique. Mais ce Catéchisme ajoutait encore que pour être sauvé, il ne fallait pas seulement être membre de l’Eglise, mais en être un membre vivant, en état de grâce, les personnes en état de péché mortel en étant des membres morts. « Celui qui, tout en étant membre de l’Eglise catholique, n’en mettrait pas en pratique les enseignements, serait un membre mort de l’Eglise et, par suite, ne serait pas sauvé, parce que pour le salut d’un adulte il faut non seulement le Baptême et la foi, mais encore les œuvres conformes à la foi », déclare le même Catéchisme.
Que des personnes homosexuelles puissent être membres du corps visible de l’Eglise militante, personne n’en peut douter sans remettre en cause ce qu’enseigne la foi catholique. Que l’homosexualité corresponde à des œuvres conformes à la foi est en revanche nettement plus douteux, pour des raisons déjà exposées dans les articles précédents.  
 
Comment Philippe Ariño regrette les « réactions négatives » de « vieux prêtres »
On pourrait certes objecter que Philippe Ariño, lorsqu’il jette le doute sur l’incompatibilité entre la foi catholique et l’homosexualité, use de sa définition peu claire de l’homosexualité, et n’entendrait pas, comme le Catéchisme de l’Eglise catholique, l’homosexualité comme les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe ; mais comme un désir qui sans être idéal ne serait pas non plus mauvais. Cependant, outre qu’il est difficile de soutenir qu’un désir portant une personne à des actes objectivement et intrinsèquement désordonnés puisse n’être pas lui aussi désordonné, le texte même de l’article de M. Ariño ne plaide pas en faveur d’une telle interprétation. Il suffit, ici encore, de le citer. « Il est très exceptionnel d’entendre un prêtre ou un fidèle catholique encourager une personne homosexuelle à se convertir à l’hétérosexualité ou à refouler ses penchants homosexuels « mauvais » et « transitoires », note-t-il, et pour s’en réjouir. Au cas où son lecteur ne l’aurait pas bien compris, il a la bonté d’ajouter : « Certains [prêtres] encouragent même à la conjugalité homosexuelle. » On ne trouvera pas dans ces phrases la moindre trace de désapprobation ; bien au contraire, ceux que désapprouve l’auteur, ce sont de « vieux prêtres » qui par leurs « réactions négatives » montrent qu’ils ne sont « pas à l’aise avec la question[1] ». Tout laisse ici penser que l’homosexualité dont il est ici question et dont on laisse entendre qu’elle n’est pas incompatible avec la foi peut être l’homosexualité pratiquée, c’est-à-dire l’homosexualité telle que la définit et la condamne le Catéchisme de l’Eglise catholique. Le discours de Philippe Ariño est certes confus, et il ne semble jamais renoncer à sa manie d’affirmer sans cesse une chose et son contraire : mais comment interpréter autrement le fait que l’auteur ne semble aucunement mécontent de ce que certains prêtres encouragent même la conjugalité homosexuelle ?
 
Louis-Marie Lamotte
 
(A suivre) 


[1] Pour qu’on ne nous accuse pas d’arracher ces citations à leur contexte, voici les deux paragraphes dont il est question : « Cependant, si l’on prend un peu le temps de s’y intéresser, on découvre que la plupart des exclusions de personnes homosexuelles au sein de l’Église catholique, quand elles ont réellement eu lieu et qu’elles ne sont pas le fruit de projections farfelues, de susceptibilités et de paranoïas en tout genre (ce qui est plutôt rare !), restent des cas très isolés. S’il y a rupture entre l’Église et la communauté homosexuelle, elle est due dans son ensemble à certains croyants et ecclésiastiques qui n’en méritent même pas le nom parce qu’ils utilisent la foi plus pour haïr les autres que pour les aimer, et à des personnes homosexuelles qui s’écartent de l’Église en se prenant pour leurs actes et en partant du principe qu’elles seront jugées avant même de vérifier concrètement si cela serait vraiment le cas.
Par ailleurs, il est très exceptionnel d’entendre un prêtre ou un fidèle catholique encourager une personne homosexuelle à se convertir à l’hétérosexualité ou à refouler ses penchants homosexuels « mauvais » et « transitoires ». Parmi les prêtres que nous sommes amenés à rencontrer (et qui se disent parfois ouvertement homosexuels, mais ces derniers sont plus rares que les media ne le croient), certains encouragent même à la conjugalité homosexuelle. La seule réaction négative qu’on peut parfois trouver n’est pas le rejet mais la déception ou la tristesse, surtout de la part de vieux prêtres peu à l’aise avec la question. Cette réaction s’explique en partie par le choc culturel ou générationnel : il n’est pas toujours facile pour certains clercs de s’adapter aux réalités d’un monde en mutation accélérée… En plus, ils ne voient pas beaucoup de jeunes croyants dans leurs églises occidentales. Quand ces derniers leur annoncent la bouche en cœur qu’ils sont homos, alors même que ces curés âgés les accueillaient avec un enthousiasme juvénile, d’un coup d’un seul, la baraque s’écroule à cause d’un petit mot, « homosexualité », qui leur évoque à la fois une réalité qu’ils ignoraient il y a encore cinquante ans de cela et qu’ils ne veulent pas, à juste titre, valider en tant qu’« identité profonde de l’individu », ou bien qui les renvoie directement à leur propre expérience – parfois vacillante – de la sexualité et aux curieux scandales de pédophilie qui secouent l’Église catholique (je dis « curieux » car en proportion, il y a très peu de prêtres pédophiles comparé d’une part à la population masculine dans sa majorité, et d’autre part à l’ensemble des prêtres qui fait aujourd’hui un travail admirable de par le monde et dont les media ne parlent jamais. »

2 commentaires:

  1. Je suis consterné par ce que je lis dans ces articles et qui apparait comme une interprétation plus que tendancieuse des écrits de Philippe Arino. Pour bien le connaitre je peux vous assurer qu'il ne se réjouis pas qu'un prêtre puisse conseiller une conjugalité homosexuelle. De même vous lui reprochez son manque de clarté mais il me semble que vous distinguez assez mal les actes du désir, alors qu'Arino établi clairement cette distinction. Si vous le lisez correctement, vous verrez d'ailleurs qu'il ne banalise en aucune façon le désir homosexuel qu'il en condamne même l'essentialisation, mais qu'il le reconnait comme une blessure (le catéchisme parle d'une épreuve, ce n'est pas si éloigné) qui peut être aussi un chemin de sainteté lorsqu'il n'est pas acté. J'ai peur que vous ne fassiez un mauvais procèsà Philippe Arino en ne selectionnant que certains passages de ses écrits...

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  2. Cher Anonyme,

    Ce qui me paraît tendancieux, c'est surtout l'article dont je fais le commentaire et qu'il est loisible de lire et de relire (ce que j'ai fait, n'ayez crainte).
    S'il n'exprime pas la pensée de M. Ariño, je serai le premier à m'en réjouir. Mais tel qu'il est, son article est purement et simplement inacceptable. La pensée de son auteur a-t-elle évolué depuis ? Qu'il le retire de la circulation, ou qu'il en rétracte ou en précise les thèses.
    Le problème principal de Philippe Ariño me semble être celui que je signale dans le premier article de cette série : il affirme sans cesse une chose et son contraire. Lisez certains extraits, ils ne méritent que l'approbation d'un catholique. Lisez-en d'autres, ils vous sembleront ambigus. Lisez-en d'autres encore, ils sont tout simplement inacceptables. Ce qu'il a écrit, il l'a écrit (notamment sur le désir homosexuel qui à défaut d'être idéal n'est pas mauvais non plus : proposition inacceptable pour un catholique). Si ce que vous dites est exact, ce sont des passages entiers de l'article cité dont l'on ne comprend tout simplement pas la raison d'être (notamment tous les développements qui relativisent la sainte Ecriture).
    J'avoue ne pas comprendre le reproche que vous me faites de ne pas distinguer le désir et les actes alors qu'il me semble précisément les avoir plus soigneusement distingués que ne le fait Philippe Ariño.
    Pour ce qui est du désir, il faut distinguer ce qui relève des premières impressions de la concupiscence, que l'on ne peut regarder comme un péché sans tomber dans le mauvais scrupule, et ce qui relève du désir consenti, qui est un acte de volonté et un péché. Même lorsqu'il n'est pas essentialisé, le désir homosexuel est mauvais, parce qu'il porte vers des actes intrinsèquement désordonnés. Ce qu'il faut distinguer, c'est la tendance (involontaire et susceptible d'être surmontée), qui est une tentation récurrente, et le désir, qui est volontaire et est donc, dans le cas du désir homosexuel, un péché en pensée.
    Il me semble justement que ce sont des distinctions élémentaires que Philippe Ariño, qui paraît allergique au vocabulaire dont use ordinairement l'Eglise, ne fait pas et qui rend l'ensemble de son propos extrêmement confus.

    Merci beaucoup pour votre contribution,

    Louis-Marie Lamotte

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