jeudi 13 décembre 2012

Les impostures d’un homosexualiste catholique (3) : Philippe Ariño et la sainte Ecriture

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Nous avons établi, dans l’article précédent, que Philippe Ariño adopte ne serait-ce que d’une manière implicite une définition de l’homosexualité qui n’est pas celle que délivre le Catéchisme de l’Eglise catholique : tandis que l’Eglise définit l’homosexualité par des actes homosexuels, par les relations entre des hommes ou des femmes éprouvant une attirance pour des personnes de même sexe, M. Ariño semble s’appuyer sur une définition de l’homosexualité qui fait intervenir avant tout le « désir homosexuel » et ne paraît pas particulièrement nette. Ce n’est cependant pas le seul point où c’est peu dire que la pensée de l’auteur ne se distingue pas par sa clarté.



Comment Philippe Ariño affirme qu’il est « erroné de croire que la Bible parle d’homosexualité »
Certains développements, en effet, ne peuvent que laisser songeur un lecteur attentif. Philippe Ariño, après avoir déclaré que ce que dit la sainte Ecriture de l’homosexualité est « sans appel » et qu’il « ne sert à rien d’euphémiser », parvient ainsi à affirmer de manière stupéfiante qu’il est « erroné de croire que la Bible parle d’homosexualité ». On retrouverait tout simplement là sa manie caractéristique de dire une chose et son contraire, si le texte ne donnait pas l’impression, quoi qu’il en dise, qu’il s’efforce d’ « euphémiser ». Un glissement progressif s’opère en effet au fil du texte, que viennent allonger des considérations pour le moins curieuses sur l’attitude du clergé – nous y reviendrons – comme si le discours cherchait à faire oublier par sa longueur les premières affirmations – incontestables – de l’auteur ; comme si des digressions qui, précisément, n’ont rien de scripturaire, visaient à diluer l’enseignement le plus clair de la sainte Ecriture tel que l’Eglise l’a toujours compris et transmis.  
 
Comment Philippe Ariño fait dire à l’Evangile ce qu’il ne dit pas
En effet, c’est bien à une dilution, à un affadissement notable de la Bible que l’on assiste. M. Ariño l’obtient au moyen d’arguments pour le moins étonnants. Alors même qu’il a, citations à l’appui, que ce que dit l’Ecriture est « sans appel », il écrit que les textes évangéliques « ne se réfèrent pas une seule fois à l’identité homosexuelle, aux personnes homosexuelles, ni à l’homosexualité – dans le sens où la société l’entend aujourd’hui, à savoir une union d’amour entre deux personnes adultes identitairement déterminées par leur orientation sexuelle –, mais uniquement à un certain désir et aux actes qu’il implique parfois ». On ne voit pas bien ce qui, dans l’Evangile, fonde de telles assertions : d’autant plus, comme le remarque Philippe Ariño, assez justement cette fois, que Notre-Seigneur lui-même ne parle pas de l’homosexualité : c’est donc à saint Paul qu’il faut se référer.
Or où l’Apôtre inspiré par le Saint-Esprit et « ravi jusqu’au troisième ciel » (2Cor 12, 2), déclare-t-il ne condamner qu’un « certain désir » et les « actes qu’il implique parfois » ? On est bien en peine de répondre. « Au lieu d’user de la femme selon l’ordre de la nature, ils ont dans leurs désirs, brûlé les uns pour les autres, ayant hommes avec hommes un commerce infâme, et recevant, dans une mutuelle dégradation, le juste salaire de leur égarement », écrit saint Paul (Rm I, 27). Il ne s’agit pas d’un « certain désir », mais, très concrètement, du désir qui porte des hommes ou des femmes à « changer l’usage naturel en celui qui est contre nature » (Rm I, 26), c’est-à-dire à pratiquer des actes homosexuels qu’implique précisément, à moins que Philippe Ariño ne donne à ces mots un sens tout différent de celui qu’on leur prête ordinairement, une « union d’amour entre deux personnes adultes identitairement déterminées par leur orientation sexuelle ». On ne voit pas comment la longueur de la périphrase et l’accumulation des euphémismes pourraient suffire à atténuer la doctrine sans équivoque prêchée par l’Apôtre.
 
Comment Philippe Ariño relativise saint Paul
Du reste, Philippe Ariño semble ne pas se cacher de sa volonté de relativiser les déclarations de saint Paul : « Et encore… écrit-il. La mention de ceux-ci [des actes homosexuels] est perdue dans une liste de pratiques répertoriées comme peccamineuses par saint Paul, dans le contexte très particulier des persécutions des premiers chrétiens. » Ce qui est inexact dans le cas de l’épître aux Romains, où la condamnation de l’homosexualité, désignée comme le résultat de « passions d’ignominie » occupe deux versets entiers (I, 26-27) ; et ce qui est curieux dans le cas de la première épître aux Corinthiens, qu’il n’est pas inutile de citer : « Ne savez-vous pas que les injustes ne posséderont point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez point : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces ne posséderont le royaume de Dieu » (1Cor VI, 9-10). Viendrait-il à l’idée de M. Ariño de déclarer qu’aux yeux de saint Paul l’injustice, l’idolâtrie, l’adultère, la rapacité, l’avarice, le vol ou l’ivrognerie ne font pas l’objet d’une condamnation rigoureuse, sous prétexte qu’ils sont perdus dans une liste de pratiques répertoriées comme peccamineuses ? L’argument laisse rêveur. M. Ariño aurait pu se contenter de déclarer que l’homosexualité est bien loin d’être le seul péché que condamne l’Eglise, en conformité avec l’enseignement de la sainte Ecriture, ce qui aurait été aussi exact qu’opportun : il en fait une pratique répertoriée comme peccamineuse par saint Paul dans le contexte très particulier des persécutions contre les premiers chrétiens – les mots ayant un sens, on se demande pourquoi l’auteur invoque ici le contexte et ne parle pas plus simplement d’une liste de péchés – pour mieux relativiser les paroles de l’Apôtre : car si l’on peut relativiser l’importance de l’homosexualité en tant qu’elle prend place parmi d’autres vices, on ne peut sans mentir et scandaliser relativiser sa gravité dès lors qu’elle se traduit par des actes génitaux, pour reprendre l’expression de M. Ariño ; pas plus d’ailleurs qu’on ne peut la justifier moralement, même lorsqu’elle ne se traduit pas par de tels actes : dès lors qu’elle devient un désir auquel l’on consent intérieurement, il s’agit, selon les mots de saint Paul, d’une passion d’ignominie, ce qui est tout à fait logique, en tant qu’un désir qui a pour objet un acte contre nature (Rm I, 26), intrinsèquement désordonné, comme le dit le Catéchisme de l’Eglise catholique, ne peut être que désordonné, même si la faute peut n’être que vénielle.
 
Comment Philippe Ariño use et abuse de la discrétion de l’Evangile  
Quoiqu’il s’en défende, M. Ariño euphémise donc l’enseignement biblique. Il suffit à cet égard de lui laisser de nouveau la parole :
Les lignes traitant directement des actes sodomites dans un ouvrage aussi gigantesque que la Bible ne se comptent même pas sur les doigts d’une main. Il est donc erroné de croire que la Bible parle d’homosexualité. Les paroles de Jésus, d’ailleurs, n’en font jamais mention.
D’où il suit, selon M. Ariño, que parler peu signifie ne pas parler du tout. L’on pourrait, avec les mêmes raisonnements, si on les appliquait à la Très Sainte Vierge, qui ne prononce dans tout l’Evangile que sept paroles, affirmer que la Mère de Dieu n’occupe dans l’histoire du salut qu’une place tout à fait secondaire et que l’on pourrait donc avantageusement taire tous les dogmes mariaux. Une telle manière de procéder laisse pour le moins perplexe.
Il convient cependant de répondre à l’argument qui semble aux yeux de l’auteur régler tout uniment la question : le silence que Notre-Seigneur Jésus-Christ a conservé sur le chapitre de l’homosexualité. Ce silence est réel, et Philippe Ariño n’a pas tort de le relever : mais il aurait dû rappeler que ce silence ne touche pas seulement l’homosexualité, mais s’étend pratiquement à tout ce que l’on nomme aujourd’hui à la sexualité. Comme l’écrivait l’abbé Victor-Alain Berto,
Tout l’Evangile est virginal. Jésus, et Marie sa mère, ont vécu dans la virginité ; il l'a conseillée aux siens, sans déprécier d'ailleurs le mariage, comme le plus haut état de vie. Il a donné en quelques phrases la loi austère de toute chasteté, virginale ou conjugale. La discrétion, la délicatesse, la réserve de l’Evangile en cette matière sont infinies[1].
En effet, poursuit l’abbé Berto, « le Verbe incarné n’a point cru qu’il dût condescendre à parler longuement de la chair », car, comme Jésus l’enseigne lui-même, les élus sont au ciel comme les anges, ils n’ont plus d’activité sexuelle (Mt XXII, 30) : venu nous enseigner notre fin surnaturelle pour nous rendre participants de la vie divine, le Christ n’a pas jugé opportun, après avoir prêché à tous la chasteté selon son état, de s’attarder sur la sexualité. Mais, ajoute l’abbé Berto, il « a laissé à ses Apôtres le soin de se colleter avec les péchés dont elle est la cause », de sorte que la discrétion de Notre-Seigneur ne peut en aucun cas être un prétexte pour relativiser les paroles de l’Apôtre, qui « pur comme une flamme », se montre « bien plus cru dans son langage ». « Il avait à faire, dit encore l’abbé Berto, à des gens à qui il fallait parler clair et mettre les points sur les i. » S’autoriser du silence de Notre-Seigneur, du reste bien compréhensible dans le contexte juif, où l’homosexualité est déjà fermement condamnée, pour réduire peu ou prou les claires explications de saint Paul à des propos circonstanciels, pour affirmer avec aplomb que la Bible ne parle pas de l’homosexualité est donc faire de la sainte Ecriture un usage dont c’est peu dire qu’il offense l’infinie révérence dont l’Eglise du Christ entoure la Révélation divine.
 
Louis-Marie Lamotte
 
(A suivre) 


[1] Abbé Victor-Alain BERTO, « L’encyclique Humanae Vitae et la conscience », La Pensée Catholique n°117

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