mardi 28 février 2012

Bref tour d’horizon de la discographie de Hasse (1) : Introduction

Faustina Bordoni (1700-1781), épouse et interprète de Hasse

Il a déjà question sur Contre-Débat des raisons de l’éclipse dont a été victime l’œuvre de Johann Adolf Hasse : du bombardement prussien de Dresde en 1760 au mépris pour les supposées « périodes de transition » en passant par les partis pris nationalistes de la musicologie allemande du XIXe siècle, je me suis efforcé de mettre en évidence quelques-uns des raisons qui ont condamné à l’oubli l’un des compositeurs les plus célébrés de son vivant.

dimanche 26 février 2012

Eglise conciliaire et années soixante (2) : compte rendu du livre de L. Rade

Cet article est la seconde partie du compte rendu de Eglise conciliaire et années soixante de Louis Rade. La première partie a déjà été publiée sur Contre-Débat :  

Quelle adaptation ?
Religieuses américaines de LCWR

L’étude de Louis Rade se poursuit par une réflexion sur la notion d’adaptation, mise en œuvre sous la forme de l’ouverture et de manière sélective dans la période postconciliaire (p. 132) : l’ouverture a été accomplie prioritairement non sur un monde qu’il s’agirait de sanctifier, mais sur ses aspects soixantistes les plus mondains et les plus antireligieux. « On a procédé à l’ouverture au contraire de soi-même, d’où « autodémolition » » (p. 135). Une telle identification de la nécessaire adaptation à l’ouverture est une « pétition de principe » qui marque implicitement certains textes conciliaires, qui présupposent « gratuitement qu’une attitude défensive à l’égard du monde est inadaptée » (p. 139). Une telle pétition de principe, qui oublie que, dans les périodes tridentine et préconciliaire, l’Eglise a su mettre en œuvre une « adaptation de rupture » caractérisée par la réaffirmation des systèmes défensifs et du surnaturel, apparaît ainsi à l’auteur comme un « simple alibi pour cacher un désaccord injustifié avec le système tridentin, en évitant le terrain sur lequel ces choses devraient se traiter, celui de l’efficacité pastorale » (p. 142).

samedi 25 février 2012

Compte rendu de la conférence du Père Bernard Bourdin OP au Centre Saint-Paul - Existe-t-il un modèle politique chrétien ? , réflexions autour de Carl Schmitt

En quoi l'Eglise catholique peut-elle nourrir la réflexion sur le politique ? Telle est la question que se pose Carl Schmitt (1888-1985), ce juriste et philosophe allemand hélas trop méconnu des catholiques français : personnage qui pourtant a pu influencer jusqu'à la Constitution de la Ve République, notamment  dans la possibilité (article 16) d'un recours du chef de l'Etat à des pouvoirs exceptionnels en temps de crise.

lundi 20 février 2012

La doctrine oubliée des journalistes catholiques français

Dessin de Michael Ramirez, publié dans l'Investor Business Diary le 3 février 2012

Journaliste au quotidien assomptionniste La Croix, Isabelle de Gaulmyn publiait le 13 février dernier sur son blogue Une foi par semaine une brève réflexion[1] sur l’opposition de l’épiscopat catholique américain à l’Obamacare. L’article s’intitule « La liberté chérie des catholiques américains ». Il s’agit de présenter la résistance catholique au projet du président américain d’imposer le remboursement intégral des coûts liés à la contraception comme une pure et simple défense de la liberté religieuse. « C’est toute une conception de la liberté religieuse qui est en jeu pour les catholiques américains », écrit ainsi la journaliste. La preuve, nous dit-elle, en est que l’épiscopat américain est également soutenu par les catholiques de gauche, alors que, rappelle-t-elle, « plus de 75% des femmes catholiques américaines ne suivent pas les prescriptions de l’Eglise en matière de contraception ». Si les catholiques des Etats-Unis se lèvent pour résister presque unanimement à l’Obamacare, ce n’est donc pas, que l’on se rassure, pour rappeler au peuple chrétien comme aux dirigeants américains l’enseignement de l’Eglise, en vue du salut des âmes : c’est seulement pour rappeler « l’importance de la liberté religieuse ». Les catholiques de France peuvent donc respirer.

samedi 18 février 2012

Louis RADE, Eglise conciliaire et années soixante, L’Harmattan, Paris, 2011, 239 pages (1)

« Que s’est-il donc passé ? Pourquoi la pratique religieuse a-t-elle chuté ? Pourquoi le message moral de l’Eglise passe-t-il si mal et son message sociopolitique plutôt bien alors qu’il y a un siècle c’était l’inverse ? Pourquoi les vocations se sont-elles taries malgré des efforts sérieux ? »  

vendredi 17 février 2012

Europe, qu’as-tu fait de la culture ?

Les Etats et l'Union européenne ont été en apparence très actifs face à la crise, coordonnant leurs politiques économiques et s'assurant que les divers gouvernements mènent une politique conforme aux « valeurs » de l'Union. On a pu le constater en Grèce et en Italie, où des gouvernements technocratiques et très pro-européens ont été installés indépendamment de tout vote populaire. De même, en Hongrie, le rappel à l’ordre du Parlement européen sur une nouvelle constitution pourtant proposée par un gouvernement assis sur une très forte légitimité populaire, témoigne bien que les « principes » de l’Union sont contraignants et que l’on ne s’en écarte pas sans dommages.
Dessin : quelle culture à l'école ? | Enseigner l'Histoire-Géographie | Scoop.it

samedi 4 février 2012

Retour sur la polémique autour de la loi "Pompidou Giscard" de 1973

Récemment, la loi du 4 Janvier 1973, dite « loi Pompidou-Giscard » a beaucoup fait parler d’elle.  Au cœur de la polémique, l’article n°25 qui dit : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France. » Cela signifie que le trésor public ne peut demander à la banque de France de lui fournir des avances sur les sommes futures qu’il va percevoir. L’Etat français ne peut plus s’endetter auprès de sa banque centrale ; il doit donc faire appel de manière exclusive aux créanciers privés. Rappelons que jusqu’à cette date, l’Etat a très souvent fait appel à des créanciers privés pour s’endetter (souvenons-nous des grands emprunts lors de la Grande Guerre, ou des 100 millions de dollars prêtés par le groupe Morgan et la banque Lazard à la France de Poincaré en mars 1924, fort utiles pour enrayer la crise du Franc.).


Affiche incitant les Français à souscrire à l'emprunt de la Victoire, pour financer l'effort de guerre

Dans cet interdit, certains voient la soumission de notre Etat au diktat des marchés financiers. D’autres n’y voient qu’une mesure de bon sens permettant d’éviter une pratique inflationniste. Les premiers se sentant pris pour des idiots par les seconds demandent alors : comment se fait-il que la création monétaire par la banque centrale est inflationniste tandis que la création monétaire par les banques privées ne le serait pas ?
C’est une question passionnante, et pour l’instant les réponses fournies sont peu nombreuses et trop elliptiques. Avec nos modestes moyens, nous allons essayer d’apporter une réponse détaillée et précise à cette question qui enflamme la blogosphère.